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Sous la grêle osée
23 mai 2007

Batouala (René Maran)

Batouala

Après la lecture de la préface de René Maran (écrite en 1937, soit 16 ans après la publication du roman), je m'attendais à un plaidoyer très virulent contre le colonialisme. Le roman a fait scandale, René Maran a subi de nombreuses insultes et a dû démissionner de son poste de fonctionnaire au ministère des Colonies, le prix Goncourt lui est attribué au milieu d'une controverse. Je m'attendais donc, je le répète, à une dénonciation très raide du colonialisme. Et bien, pas du tout. Comme René Maran l'écrit lui-même dans la préface, « Mon livre n'est pas de polémique. » René Maran ne raconte que ce qu'il a vu, il constate, il enregistre. Il décrit la vie d'un chef de tribu Batouala, à travers plusieurs scènes : son réveil, la chasse, sa vie de famille, son conflit avec un rival, sa mort. Certaines scènes sont très violentes : j'ai particulièrement été écœurée par la description des excisions et des circoncisions à la chaîne. Rien que d'y penser, je tourne de l'œil.

J'ai fait quelques recherches sur le livre et il me semble en fait que la controverse vient plutôt du fait que René Maran ait consacré son roman aux noirs. Apparemment, un "véritable roman nègre" était pour certains une perte de temps, de la "gaspillure" de papier. Et les quelques remarques (je ne les trouve pas très violentes ces remarques) que font ces noirs sur les colons blancs ont déplu. Il est vrai que pour certains, la mission civilisatrice du colonialisme ne peut pas être remise en cause. Le "rôle positif de la colonialisation" est indéniable. Et ce n'est pas un vulgaire fonctionnaire du ministère des Colonies, noir de surcroît, qui a le droit de faire croire que les Africains sont autre chose que reconnaissants.

Même si j'ai eu du mal à lire ce roman (un peu de surmenage dans le travail), j'ai trouvé certains passages très beaux (en particulier ceux concernant les femmes). Le style de René Maran est assez difficile mais je compte lire sa biographie de Félix Eboué et ses romans autobiographiques.

Et ce commentaire n'est vraiment pas terrible car je n'étais pas très inspirée par ce roman. Mais je le relirai un jour.

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