Between the World and Me (Ta-Nehisi Coates)
Je vais essayer de rédiger un billet digne de ce petit livre dur et sans concession. Même si j'ai tout de suite eu envie de le lire, je savais que j'aurais beaucoup de mal. Pas en raison du sujet, parce que je le connais trop bien malheureusement, mais en raison de l'auteur. Je sais qu'il écrit pour The Atlantic et que les articles de ce magazine me passent souvent par-dessus la tête. J'ai beaucoup de mal avec l'abstrait et le conceptuel, et je savais que je n'y échapperais pas. En plus, les critiques le comparent souvent à Baldwin. Alors... J'ai dû relire certains paragraphes plusieurs fois et je ne suis pas certaine d'avoir tout compris. Mais tant pis, je le relirai. Cette fois, je prendrai vraiment mon temps parce que certains passages sont difficiles.
Mais parlons quand même de ce que j'ai compris (et qui représente une grande partie du livre) et de ce que j'ai aimé. Between the World and Me est une lettre que Ta-Nehisi écrit à son fils. Son fils, qui est adolescent, est choqué par l'acquittement du policier qui a tué Michael Brown. Il ne comprend pas et s'isole dans sa chambre pour pleurer. Son père lui explique dans cette lettre que dans ce pays, bâti sur le racisme et qui est malgré tout le sien, son corps d'homme noir ne lui appartient pas, qu'il est à la merci de ceux qui souhaitent le détruire. Il décrit à son fils les choses telles qu'elles sont et lui apprend qu'il devra trouver les réponses en lui-même. Ta-Nehisi Coates parle de sa jeunesse dans la violence de Baltimore, du sanctuaire qu'il a trouvé à Howard University, de sa vie à New York, de son voyage en France (j'ai trouvé amusant qu'il voit la France comme un refuge, alors qu'il y trouverait beaucoup de gens qui ont une expérience similaire à la sienne). J'ai apprécié cette façon de mêler parties plus concrètes, plus vécues, et sections plus abstraites. Mais je dois dire que certaines m'ont également touchée (particulièrement lorsqu'il parle d'éducation). Je me suis souvent dit : C'est exactement ça. Il exprime vraiment ce que je ressens.
Il ne s'agit pas de faire du misérabilisme et de la victimisation à outrance (Regarde mon fils ce que les méchants blancs nous font.), mais d'exposer la réalité américaine pour un homme noir. (Je dirais que l'expérience d'une femme noire est un peu différente, mais il existe beaucoup de similitudes.) Et comme Ta-Nehisi Coates est athée, il ne recourt pas aux sentiments chrétiens. Il ne s'excuse pas d'exister. Il ne veut pas et ne peut pas se taire. Et c'est ce qui fait toute la force de ce livre.
Pas beaucoup d'espoir dans ce livre, mais je pense qu'il faut le lire.