sonate

S'il a fallu attendre Emmanuel Dongala pour redécouvrir George Bridgetower, il semble que ce dernier avait déjà inspiré les artistes anglophones, d'après la section Cultural Legacy de sa page sur Wikipedia. Un livre et un opéra jazz lui sont notamment consacrés.

George Bridgetower, métis de 9 ans est un prodige du violon qu'il a étudié avec Haydn. Son père décide, à l'instar de Leopold Mozart, de l'exhiber dans des concerts à travers l'Europe. Le roman commence à Paris, à la veille de la Révolution Française, alors que George s'apprête à donner sa première représentation au Concert Spirituel. Nous le suivons ensuite à Londres où il fuit avec son père car ils craignent des représailles pour leur association avec la noblesse française. Et le roman se termine en Autriche (et particulièrement à Vienne) où George retourne pour revoir sa famille et où il rencontre Beethoven qui lui dédiera cette fameuse sonate.

Entre-temps George rencontre de nombreuses personnalités et célébrités (un peu trop peut-être) et ceci nous permet de connaître leur point de vue sur l'esclavage (et sur les Noirs), qui est l'un des thèmes importants du roman. Le père de George s'engage d'ailleurs dans la lutte pour l'abolition. Parmi les Noirs célèbres de l'époque, on croise le chevalier de Saint-George et Thomas Alexandre Dumas. On apprend que le mariage entre Blancs et Noirs était interdit, que les Noirs devaient porter une cartouche (les identifiant et indiquant le nom de leur maître s'ils n'étaient pas libres) et qu'ils pouvaient être contrôlés par la police des Noirs. La France des Lumières n'éclairait pas tout le monde.

Le roman est bien documenté (y figurent même des coupures de journaux d'époque et la dédicace de Beethoven) et très riche (malgré une apparente simplicité). J'ai été particulièrement impressionnée par les passages consacrés purement à la musique (je pensais qu'Emmanuel Dongala était lui-même musicien). Même si, pour moi, la musique s'est arrêtée au baroque, j'ai trouvé cette partie remarquable. Le reste du roman l'est également. Mention spéciale à l'évocation de Beethoven qui est courte, mais superbe. Je n'ai pas trouvé de temps mort et si je ne l'ai pas lu d'une traite, c'est parce qu'il fallait que je travaille aussi.

La fin du roman est vraiment poignante et montre le peu d'estime qu'avaient certains Européens à l'époque pour les Noirs. Mais je vous laisse découvrir ce à quoi je fais allusion.

À lire absolument.

http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/la-sonate-bridgetower

N’en déplaise à l’ingrate postérité, la célèbre Sonate à Kreutzer n’a pas été composée pour le violoniste Rodolphe Kreutzer, qui d’ailleurs ne l’a jamais interprétée, mais pour un jeune musicien tombé dans l’oubli. Comment celui-ci est devenu l’ami auquel Beethoven a dédié l’un de ses morceaux les plus virtuoses, voilà l’histoire qui est ici racontée.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon…
De Paris à Londres, puis Vienne, ce récit d’apprentissage aussi vivant qu’érudit confronte aux bouleversements politiques et sociaux – notamment la mise en cause de l’esclavage aux colonies et l’évolution de la condition des Noirs en Europe – les transformations majeures que vit le monde des idées, de la musique et des sciences, pour éclairer les paradoxes et les accomplissements du Siècle des lumières.

http://www.bl.uk/onlinegallery/features/blackeuro/bridgetowerbackground.html