The Sellout (Paul Beatty)

29 mai 2017

Je pensais que ce n'était pas une bonne idée de lire The Sellout pratiquement à la suite de The White Boy Shuffle. Difficile de ne pas penser à la peine que j'ai eue à lire ce dernier. Heureusement, le début de The Sellout me paraissait meilleur. Hélas ! Vingt ans après, Paul Beatty rajeunit à peine son humour grinçant et j'ai souffert. Allez, j'ai aimé la fin du dernier chapitre quand même. J'ai ri parfois. Et souvent, je n'avais pas envie de reprendre ma lecture.

Points positifs : J'ai beaucoup aimé la partie (tout n'est pas négatif) sur Our Gang et ses épisodes perdus (parce qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue dans ce roman). J'ai évidemment pensé à Buckwheat (et ses cheveux qui se dressaient sur sa tête, et au personnage d'Eddie Murphy) et à Farina (que Frédéric Mitterrand avait évoqué dans une de ses émissions). Et j'ai également apprécié la richesse du vocabulaire. J'ai eu la bonne idée de le lire sur Kindle ; j'ai pu enregistrer des mots dans Vocabulary Builder (et consulter le dictionnaire). Comme je l'ai dit, j'ai ri parfois. Et j'ai grincé des dents parfois. Vous savez ? À propos du mythe de l'Amérique post-raciale. Comme me l'a dit une copine française blanche : Tu ne trouves pas que ce sont les Noirs et les Mexicains qui sont les plus racistes ?

Points négatifs : Trop d'histoires gigognes. Plusieurs fois, j'avais oublié de quoi il parlait auparavant et n'arrivais plus à suivre. L'accumulation des gags et leur longueur. L'abondance de références "culturelles". Même si je les ai toutes comprises, j'ai trouvé ça lassant. (Qu'est-ce que j'ai à parler de culture ? Paul Beatty est noir et américain. Pourquoi ses "références" seraient-elles spécifiques ?) Les passages un peu trop poétiques : je n'aime pas la poésie, alors j'ai trouvé ça pénible.

Je l'ai lu. Je l'ai terminé. Mais j'ai trop souffert. Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai vu que certains le comparent à Mumbo Jumbo d'Ishmael Reed. Ce livre est dans ma LAL depuis quelque temps et j'ai un peu peur maintenant.

En tout cas, tu nous a bien eus Paul : Unmitigated Blackness is essays passing for fiction.

Une interview très intéressante de Paul Beatty. J'aime beaucoup ses propos, même si je n'apprécie pas particulièrement ses livres.

https://www.theparisreview.org/blog/2015/05/07/our-thing-an-interview-with-paul-beatty/

LC avec A Girl et Ingannmic

Extrait

Après l'élection du black dude :

He said that he felt like the country, the United States of America, had finally paid off its debts. “And what about the Native Americans? What about the Chinese, the Japanese, the Mexicans, the poor, the forests, the water, the air, the fucking California condor? When do they collect?” I asked him. He just shook his head at me. Said something to the effect that my father would be ashamed of me and that I’d never understand. And he’s right. I never will.

A biting satire about a young man's isolated upbringing and the race trial that sends him to the Supreme Court, Paul Beatty's The Sellout showcases a comic genius at the top of his game. It challenges the sacred tenets of the United States Constitution, urban life, the civil rights movement, the father-son relationship, and the holy grail of racial equality―the black Chinese restaurant.

Born in the "agrarian ghetto" of Dickens―on the southern outskirts of Los Angeles―the narrator of The Sellout resigns himself to the fate of lower-middle-class Californians: "I'd die in the same bedroom I'd grown up in, looking up at the cracks in the stucco ceiling that've been there since '68 quake." Raised by a single father, a controversial sociologist, he spent his childhood as the subject in racially charged psychological studies. He is led to believe that his father's pioneering work will result in a memoir that will solve his family's financial woes. But when his father is killed in a police shoot-out, he realizes there never was a memoir. All that's left is the bill for a drive-thru funeral.

Fueled by this deceit and the general disrepair of his hometown, the narrator sets out to right another wrong: Dickens has literally been removed from the map to save California from further embarrassment. Enlisting the help of the town's most famous resident―the last surviving Little Rascal, Hominy Jenkins―he initiates the most outrageous action conceivable: reinstating slavery and segregating the local high school, which lands him in the Supreme Court.

Posté par : Jackie Brown à 00:01 - Tenspeed & Brown Shoe - Commentaires [9] - Permalien [#]
Tags : African Americans, auteurs américains, humour, satire

Commentaires sur The Sellout (Paul Beatty)

Ah oui, "Unmitigated Blackness is essays passing for fiction". Je comprends tout maintenant...
Ça me rappelle Adam Beach !

Posté par Nuku_Hiva95, 28 mai 2017 à 20:22 | | Répondre
- C'est un peu comme Shanghai qui n'est pas une ville chinoise (stéréo)typique.
  
  Posté par Jackie Brown, 28 mai 2017 à 20:25 | | Répondre
Souffert ? Ouhla c'est rude là quand même.^^ Mais je peux comprendre. Ce n'est pas une lecture qui glisse toute seule, c'est un univers assez déroutant qui réclame l'attention et dont la traversée peut s'avérer éreintante sur la longueur. Je te rejoins d'ailleurs sur tes bémols, c'est un roman foisonnant qui part un peu (trop) dans tous les sens (moi je n'en pouvais plus des références et allusions aux Little Rascals au bout d'un moment). J'ai d'ailleurs renoncé à en faire un résumé car il y a trop d'éléments et d'épisodes qui ne se connectent pas à la manière classique d'une histoire, mais qui la constituent de manière indéniable.
Malgré tout j'ai aimé parce qu'il y avait tellement d'audace là-dedans, de bargitude, d'humour grinçant, et en même temps, ces réflexions (à creuser) sur l'identité noire aux Etats-Unis, que je reste admirative tout de même des prouesses de l'auteur qui, pour moi, surfe sur du jamais vu.

Posté par A_girl_from_eart, 29 mai 2017 à 08:28 | | Répondre
Je vis aux Etats-Unis depuis 20 ans et je suis peut-être plus basée. D'après les interviews de l'auteur, il est vraiment comme ça. Ce n'est pas un genre. Mais pour moi, c'est représentatif du "dilemme" des auteurs noirs américains. S'ils sont directs, on (quand je dis on, ça veut dire les Blancs) les traite de Malcom X ; s'ils sont plus subtils, ils deviennent des Martin Luther King Jr ou des Uncle Tom (ça, c'est pour les Noirs). Lis les commentaires sur goodreads (les critiques qui lui donnent une étoile notamment), c'est édifiant. Paul Beatty fait partie de ces auteurs qui estiment qu'ils n'ont pas à passer leur vie (ou leur carrière) à expliquer ce qu'est être Noir aux Blancs ou à représenter le point de vue noir. La citation de Toni Morrison ou la réaction de Gregory Corso qui sont expliqués dans l'article de the Paris Review en disent long.

Posté par Jackie Brown, 29 mai 2017 à 09:35 | | Répondre
- Ah mais je veux bien croire qu'il soit vraiment barré en réalité.^^ Ça ne s'invente pas un roman aussi déluré. Mais pour articuler tout ça et l'exprimer de façon aussi colorée et savoureuse (enfin, moi j'ai trouvé), il faut que ce grain de folie soit accompagné d'un solide talent/génie artistique, et pour moi, il l'a. C'est ce qui m'a vraiment plu chez lui. Après, le souci à mon sens, c'est qu'on veut absolument qu'un écrivain noir américain soit en train de démontrer ou dénoncer quelque chose, et particulièrement sur la question raciale, ou la condition noire (forcément), il ne peut pas juste être écrivain, et peut-être que finalement Paul Beatty ne s'est pas attelé à démontrer ici quelque chose d'aussi précis que ce que les critiques ont tendance à voir (bien que l'inconscient fasse toujours surgir quelques vérités ou rancoeurs). Je me suis posée la question, et j'avais plus l'impression d'un pied de nez de l'auteur que d'une mission qu'il se serait donné en écrivant ce livre.
  
  Posté par A_girl_from_eart, 29 mai 2017 à 12:00 | | Répondre
- - Je ne parlais pas d'être barré dans la vie, je parlais juste de son style d'écriture. Il veut écrire ce qu'il a envie d'écrire, et pas démontrer ni dénoncer quelque chose, comme tu le dis. J'ai toujours en mémoire ce commentaire de Télérama à propos du livre de Terry McMillan : Où est le combat ? Comme si, avoir une vie normale, "middle class", une profession, c'est incompatible avec le fait d'être noir aux Etats-Unis.
    Pour en revenir à The Sellout, j'ai trouvé la fin réussie (sauf l'histoire du joint totalement inutile). J'aurais aimé que le livre soit comme ça tout le temps.
    
    Posté par Jackie Brown, 29 mai 2017 à 13:12 | | Répondre
  - - Toutes ces considérations autour des écrivains noirs américains et de ce que les critiques en attendent me font penser au roman Erasure de Percival Everett (encore un qui m'a bien amusée) qui soulève justement ces questions autour du droit de l'écrivain noir d'être écrivain avant tout. Une scène qui m'a fait mourir de rire, c'est quand l'écrivain de l'histoire, qui a écrit un ouvrage sur la Grèce, recherche son livre au rayon "grec" d'une librairie et qu'il le retrouve avec dépit au rayon "afro-américain".
      Bref, oui, Paul Beatty a réussi à conclure son livre admirablement bien, ce qui n'était pas gagné vu les chemins sinueux qu'il a pris tout le long...
      
      Posté par A_girl_from_eart, 29 mai 2017 à 14:20 | | Répondre
Oui, oui, la comparaison avec Effacement ne m'était pas venue à l'esprit, et pourtant elle me paraît évidente à présent... Moi, j'ai adoré, mais j'adore les écrivains barrés. Je me suis souvent demandé quel était le message derrière tout ça, sans parvenir à le définir vraiment, mais je te rejoins Jackie sur le fait qu'au final, il renvoie de manière paradoxalement très habile (je dis paradoxalement parce que sa façon de faire pourrait sembler peu subtile) aux idées préconçues que suscite, même de manière inconsciente, la couleur de peau, et aux comportements conséquents que l'on en attend.

Posté par Ingannmic, 31 mai 2017 à 01:34 | | Répondre
- Apparemment, les journalistes ont du mal à cerner Paul Beatty. Plusieurs journaux anglophones parlent de son interview tendue avec un journaliste australien blanc. Des personnes du public ont été offensées et mal à l'aise, mais Paul Beatty est resté calme et a gardé son sens de l'humour.
  
  Posté par Jackie Brown, 31 mai 2017 à 08:57 | | Répondre