Almost French: Love and a New Life in Paris (Sarah Turnbull)
C'est toujours intéressant de connaître l'expérience des étrangers en France et de voir comment notre pays est vu par ceux qui n'y ont pas grandi. Tu apprends des choses, tu t'énerves pour d'autres. Tu ne restes pas indifférent. Et bien c'était exactement le cas pour moi à cette lecture (même si le livre a plus de dix ans).
Sarah est reporter télé à Sydney. Pour échapper à la routine, elle décide de prendre un congé sabbatique pour voyager en Europe (où elle compte accumuler en un an les aventures de toute une vie) et travailler en tant que journaliste freelance. C'est à Bucarest qu'elle rencontre Frédéric qui lui propose de venir passer une semaine à Paris chez lui. Elle accepte et au moment où elle écrit le livre, elle vit à Paris depuis six ans. Elle nous raconte son expérience d'étrangère parlant à peine français, son adaptation à une culture et à un mode de vie différents, et la vie dans son quartier de Paris.
Ma première impression : je n'ai jamais rencontré les Français que Sarah décrit. Ceux qui l'ignorent complètement parce qu'elle n'est pas Française, qui ne s'intéressent pas du tout à elle, à son pays, et ne lui posent aucune question. Elle retrouve cette indifférence auprès des amis et de la famille de son copain. Pas tous, heureusement pour elle. Et Frédéric lui répond qu'il faut leur laisser le temps. C'est sûr que la réponse n'aide pas, mais j'ai trouvé Sarah bien naïve quand elle suppose les raisons de cette indifférence. J'avais une autre interprétation, genre ils n'ont pas cherché à la connaître parce qu'ils ne savent pas si ça va durer entre eux et ils ne veulent pas s'investir, ou bien ils se demandent qui est cette fille qui vient s'installer chez un type qu'elle connaît vraiment à peine. Mais je n'étais pas là et je me trompe certainement. Et quand je dis que je n'ai jamais rencontré les Français que Sarah décrit, je devrais dire que ce n'est pas spécifique aux Français de ne pas s'intéresser aux gens qu'ils ne connaissent pas. Nous qui sautions, ma sœur et moi, sur chaque occasion de rencontrer et de discuter avec des étrangers, je trouve l'attitude des Français dont elle parle bien décevante et même honteuse (c'est-à-dire que j'ai honte quoi). Je sais qu'il n'est pas facile de s'adapter à un nouveau pays, mais tenter de transposer son expérience en Australie à la France, ou de comparer les deux pays systématiquement rend les choses encore plus difficiles. Elle met toutes les différences sur le compte de la bizarrerie ou du snobisme français, mais oublie les comportements qui peuvent découler de l'éducation ou de la classe sociale. Je n'ai pas eu l'impression qu'elle avait côtoyé tant de milieux que ça en Australie pour connaître les attitudes de tout le monde. Et cela entraîne des déceptions qui auraient été moins fortes si elle avait été un peu plus ouverte. J'ai trouvé aussi que Sarah faisait un peu l'enfant gâté quand elle insiste pour quitter Levallois parce que ce n'est pas Paris (une de ses amies lui fait remarquer que son code postal ne commence pas par 75). Ouais bon.
Voilà quelques points qui m'ont agacée. Sinon, j'ai trouvé la lecture sympa et j'ai bien aimé la découverte de la France par Sarah et la façon dont elle explique certaines différences. Évidemment, en tant que Française, je trouve certaines explications superflues et je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'elle dit. J'ai trouvé dommage qu'elle n'insiste pas sur la question du visa et du titre de séjour. Quand on sait le nombre d'immigrés clandestins en France, on se demande comment elle a pu justifier son séjour de longue durée auprès des autorités.
Lecture agréable en général malgré les grincements de dents (par exemple, lorsqu'elle emploie le terme Anglo-Saxons un peu trop souvent).