The Scarlet Pimpernel (Baroness Emma Orczy)
1975 (?), école primaire au Kremlin-Bicêtre. Le meilleur élève de la classe est plongé dans un livre qu'il lâche à contrecœur lorsque l'institutrice commence. Je lui demande ce qu'il lit d'intéressant comme ça. Le Mouron rouge. C'est vraiment bien. La couverture ne m'inspire pas du tout : personnage en costume d'époque avec épée. Les romans de cape et d'épée, très peu pour moi. En film, à la télé, ça va. Mais pour lire…
1986, Forrest City High School, cours de français, un peu avant les vacances de Noël.
La prof aux élèves : Aujourd'hui, classe, nous allons regarder un film.
They seek him here, they seek him there,
Those Frenchies seek him everywhere.
Is he in heaven?—Is he in hell?
That demmed, elusive...
Les élèves : Pimpernel !
Rien qu'à entendre leurs incantations, je n'ai pas envie de voir le film. Encore un truc anglo-anglophone sur la France qui ne va pas me plaire. Je demande à être excusée et je file à la bibliothèque. Quand je reviens, le film n'est pas fini (évidemment) et j'aperçois le héros du film qui a l'air bien abruti. (J'ai dû passer deux jours à la bibliothèque.)
Un extrait ici :
http://www.youtube.com/watch?v=01i19qog8Pw
1990, à l'ESIT, des collègues anglophones parlent de The Scarlet Pimpernel et récitent :
We seek him here, we seek him there,
Those Frenchies seek him everywhere.
Is he in heaven?—Is he in hell?
That demmed, elusive Pimpernel.
Je me souviens du film de la prof de français et je dis à l'une d'entre elles : Ah oui, c'est ridicule, ce truc. Elle, outrée, n'a pas l'air de comprendre comment je peux trouver ça ridicule. Je ne réponds pas.
2012, ma sœur et moi discutons de ce livre qui passionnait tant le premier de la classe. Une lumière s'allume dans ma tête. J'ouvre la page Wikipedia sur le Mouron rouge et sur la droite est affichée une couverture rouge portant le titre The Scarlet Pimpernel. Ben voyons… Je lis le résumé. Ouais, d'accord, un gentilhomme anglais qui sauve des aristocrates de la guillotine pendant la Révolution française.
Je décide quand même de lire ce classique de la littérature jeunesse anglophone. Est-ce bien raisonnable avec autant d'a priori ? Ben, je l'ai lu.
Les Français sont à peine caricaturaux (enfin, le peuple, pas les pauvres nobles), sanguinaires, pas très propres et pas très intelligents.
But Brogard had evidently had enough of these questionings. He did not think that it was fitting for a citizen—who was the equal of anybody—to be thus catechised by these SACRRES ARISTOS, even though they were rich English ones. It was distinctly more fitting to his newborn dignity to be as rude as possible; it was a sure sign of servility to meekly reply to civil questions.
"I don't know," he said surlily. "I have said enough, VOYONS, LES ARISTOS! . . . He came to-day. He ordered supper. He went out.—He'll come back. VOILA!"
And with this parting assertion of his rights as a citizen and a free man, to be as rude as he well pleased, Brogard shuffled out of the room, banging the door after him.
Les Anglais sont fins, brillants et ils parlent tous français sans accent apparemment. Et ils sauvent les aristocrates français pour le fun.
And all for the sheer sport and devilry of course!—saving men, women and children from death, as other men destroy and kill animals for the excitement, the love of the thing. The idle, rich man wanted some aim in life—he, and the few young bucks he enrolled under his banner, had amused themselves for months in risking their lives for the sake of an innocent few.
La guillotine, qui a pourtant un tas de surnoms tous plus élégants les uns que les autres, s'appelle uniquement Madame Guillotine (je n'ai jamais entendu ça). Certaines pages semblent tout droit sorties d'un Harlequin. Je me trompe peut-être puisque je n'en ai lu qu'un dans ma vie.
Forgetting the fact that she was only very lightly clad in a morning wrap, and that her hair lay loosely about her shoulders, she flew down the stairs, right through the hall towards the front door.
It was as usual barred and bolted, for the indoor servants were not yet up; but her keen ears had detected the sound of voices and the pawing of a horse's hoof against the flag-stones.
With nervous, trembling fingers Marguerite undid the bolts one by one, bruising her hands, hurting her nails, for the locks were heavy and stiff. But she did not care; her whole frame shook with anxiety at the very thought that she might be too late; that he might have gone without her seeing him and bidding him "God-speed!"
At last, she had turned the key and thrown open the door. Her ears had not deceived her. A groom was standing close by holding a couple of horses; one of these was Sultan, Sir Percy's favourite and swiftest horse, saddled ready for a journey.
La baronne Orczy doit en vouloir quelque part aux Français et se sentir redevable aux Anglais pour écrire des choses pareilles.
"Then Chauvelin is still in Dover?"
"Undoubtedly. Shall I go waylay him and run my sword through him? That were indeed the quickest way out of the difficulty."
"Nay! Sir Andrew, do not jest! Alas! I have often since last night caught myself wishing for that fiend's death. But what you suggest is impossible! The laws of this country do not permit of murder! It is only in our beautiful France that wholesale slaughter is done lawfully, in the name of Liberty and of brotherly love."
Je ne regrette pas vraiment de l'avoir lu, mais j'aurais pu faire sans. C'est vrai que les anglophones aiment réécrire l'histoire avec des super-héros. J'aurais peut-être plus apprécié si j'avais été anglophone justement. Ou plus riche :
Everything on board the DAY DREAM was fitted with that exquisite luxury, so dear to Sir Percy Blakeney's heart, and by the time they all landed at Dover he had found time to get into some of the sumptuous clothes which he loved, and of which he always kept a supply on board his yacht.
Le film en question est sur YouTube. J'ai réussi à regarder quelques minutes au début. Au moins, les acteurs ne prennent pas un pseudo-accent français.
http://www.youtube.com/watch?v=TU2RLwEsxT4
PS C'est vrai que la Terreur n'est pas un moment glorieux de notre histoire, mais je ne comprends pas pourquoi des profs de français passent ce film à leurs élèves.